En septembre 2022 je suis partie un mois à Madagascar (oui j’ai un peu de retard haha). Après 3 semaines seule, le trek aux villages Zafinaminry était la première étape de ma semaine avec mon guide Miora de Namiouh Dago Tour. Et ça commençait fort avec de superbes paysages, et des magnifiques moments partagés avec la population.
Histoire des villages Zafimaniry
Au XVIII ème siècle, c’est pour fuir la déforestation que les actuels habitants des villages Zafimaniry se sont installés dans les montagnes reculées. Ce sont au total pas moins de 18 ethnies qui se sont installées et réparties dans une cinquantaine de villages. On recense aujourd’hui environ 30 000 Zafimaniry.
Si la région est appréciée des visiteurs, c’est pour les superbes paysages, un mode de vie encore très préservé et authentique, et pour son savoir-faire artisanal unique. En effet, cette population travaille le bois d’une façon très particulière, avec une grande finesse. On retrouve ce travail partout dans les villages, ce qui donne un style architectural unique. Ainsi, le savoir-faire du travail du bois des Zafimaniry est inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2008.
L’artisanat Zafimaniry
Lorsque vous arriverez dans les différents villages, vous remarquerez immédiatement la finesse et la beauté du travail du bois. Pas moins de 21 motifs différents existent et ont pour but de protéger la communauté. Chacun d’entre eux reflète des croyance ancestrales. Ils témoignent notamment des liens profonds entre les habitants et leur environnement. Par exemple, la toile d’araignée symbolise les liens familiaux, alors que la corde renvoie à la droiture.
Le bois sculpté se retrouve partout : sur les ustensiles de cuisine, les portes des maisons, les meubles… Autre particularité, les maisons sont assemblées sans clous ni vis (Pattex touch ^^). A l’origine, cela permettait aux habitant de facilement démonter leur maison afin de s’installer vers des contrées plus vertes.
Organiser son trek Madagascar aux villages Zafimaniry
Il faut savoir que pour accéder aux villages, vous devrez faire appel à un guide local. Un moyen de soutenir l’économie locale, mais aussi d’en apprendre énormément sur la culture locale. De plus, si les touristes sont bien présents dans la région, les habitants, et surtout les enfants, sont toujours très curieux des nouveaux arrivants. Un guide permettra donc de vous intégrer plus facilement dans les différents villages traversés et d’échanger plus aisément.
Tous les circuits partent du village d’Antoetra. Vous devrez obligatoirement marcher pour accéder aux autres hameaux. En effet, aucune des pistes n’est accessible en voiture. Plusieurs treks sont possibles, la plupart durent entre 2 et 3 jours. Pour ma part j’ai fait un trek de 2 jours avec une nuit au village de Sakaivo.
Avec quel guide partir aux villages Zafimaniry ?
Je ne peux que vous recommander Miora de Namiouh Dago tour pour vous aider à organiser tout ça. Miora est venu me chercher à Ambositra où j’arrivai tout juste de Vohipeno en bus. Mon guide était Robin, je l’ai adoré ! Il se qualifiait comme « débile philosophe », mais loin d’être débile il était plutôt érudit ! Drôle, touchant, souriant, passionnant, il avait une anecdote sur tout. Sans oublier ses mille métiers comme beaucoup de malgaches : électricien, musicien et guide. Je retiendrai notamment son proverbe très juste » Tu peux être sous un lampadaire et vivre dans l’obscurité » ! Lors de mon trek, j’étais également accompagnée d’un porteur qui s’occupe de transporter tout le matériel de cuisine et de la nourriture. J’ai d’ailleurs très bien mangé.
Le trek de deux jours comprend une nuit chez l’habitant. Une expérience absolument géniale qui m’a permis de partager un bon repas arrosé de quelques verres de rhum arrangé avec Mamabe, la doyenne du village. Je vous en reparle plus bas ! J’avais une belle petite kaz en bois rien que pour moi, avec un bon lit et une moustiquaire. Pour les sanitaires et la toilettes, c’est rudimentaire puisqu’il n’y a ni eau courant ni électricité. Mais selon moi c’est ce qui fait tout le charme. Personnellement j’ai trouvé l’expérience bien assez confortable, et surtout inoubliable. J’ai vraiment passé deux jours géniaux avec Miora et Robin.
Pour ce qui est du prix, je ne pourrai pas vous le donner puisque la prestation était comprise dans ma semaine avec Miora. Cependant, n’hésitez pas à le contacter directement de ma part via sa page Facebook ou son site pour en savoir plus !
Récit de mes 2 jours de trek à Madagascar
Trek Madagascar aux villages Zafimaniry : Jour 1
Ambositra est la ville la plus proche pour accéder aux portes du pays Zafimaniry, Antoetra. Il faut être équipé d’un bon véhicule pour pouvoir venir à bout des pistes très accidentées jusqu’au village. En effet, il suffit qu’il pleuve pour que la route devienne à la limite du praticable. Mais Miora ayant un super 4×4, le défi fut relevé !
La ville d’Antoetra
Antoetra est un petit village dynamique qui constitue la porte d’entrée de la région Zafimaniry. C’est donc un passage obligé, mais nul besoin de vous y attarder. En effet, le village est assez moderne et n’est donc pas représentatif du monde Zafimaniry. Nous y avons laissé la voiture dans un espace surveillé. Dans le coffre j’ai laissé mon backpack avec mon ordi, pour ne prendre que l’essentiel pour les deux jours. Je vous liste plus bas quoi emmener.
Circuit de Sakaivo Zafimaniry
Ce circuit est plutôt conseillé aux personnes habituées à marcher, même si je l’ai trouvé largement accessible. Il permet de bien vous enfoncer dans le pays Zafimaniry, et surtout de joindre le village de Sakaivo réputé comme le plus joli de tous.
Le circuit de 27 km comprend quelques collines, mais dans mon souvenir le dénivelé se fait plus ressentir le second jour. Pour ce premier jour, 15 km de marche nous attendaient, soit environ 6 à 7 heures. Nous n’avons pas souffert du soleil, le temps étant assez couvert. Grâce à Robin j’ai beaucoup appris sur les coutumes locales. J’ai aussi vu deux caméléons, dont une maman enceinte.
Le premier jour nous a mèné à travers plusieurs villages comme celui d’Ankidodo, et Ambohimanrivo. Après un bon pique nique, nous avons repris la marche et croisé plusieurs femmes lourdement chargées. Eh oui, pas de véhicule, tout se fait à pied. Ainsi les habitants doivent souvent parcourir plusieurs kilomètres à pied pour se procurer nourriture ou matériaux.
La nuit à Sakaivo
Quand nous sommes arrivés sur Sakaivo en fin de journée, j’ai été émerveillée par les paysages très vallonnés, des collines couvertes de rizières allant du vert au marron. Les enfants nous ont observé à la dérobé et étaient très curieux. Comme le veut la tradition, le chef du village nous a accueilli dans sa kaz. Il m’a expliqué plusieurs choses sur son village et leurs coutumes, le tout traduit par Robin.
J’apprends donc que dans la maison, chaque coin a un dessein particulier, notamment en fonction des points cardinaux. En fait de maison, chaque kaz est une pièce unique, mais avec une zone dédiée aux repas, une à la cuisine, une pour les animaux qui sont rentrés la nuit… Un foyer brûle également en permanence pour permettre de faire les repas, ce qui rempli la pièce d’une épaisse fumée qui pique les yeux. Pour m’accueillir comme il se doit, le chef du village m’a offert sa bénédiction. Pour cela il m’a proposé soit boire le rhum pur (qui tabasse), soit de m’en asperger 6 fois le visage. J’ai choisi la seconde option haha.
Ma mémorable soirée à Sakaivo avec Mamabe
Après ce bel accueil, j’ai fait un petit tour à la rencontre des habitants. Puis nous avons commencé l’apéro, et l’un des plus beaux moments de mon voyage : le repas avec Mamabe. La doyenne du village est un sacré numéro, elle m’a rappelé ma grand mère qui était très drôle et parfois non conventionnelle : drôle, dynamique et dotée d’un esprit jeune ! Ça a commencé avec un apéro, frites cacahuètes (léger haha) et rhum ananas très bon. J’ai mis ma playlist africaine, et bien sûr on s’est ambiancé, Mamabe en tête. Ni une ni deux, elle m’a demandé de l’emmener danser en boite hahaha.
Malgré la barrière de la langue, ce qu’on a ri ! Elle a d’ailleurs dit à Robin qu’elle m’aimait bien parce que je parlais et rigolais beaucoup, trop mignonne. Elle m’a beaucoup touché pour sa joie de vivre, son dynamisme (les 15 km de trek, elle les fait deux fois par semaine, bon pied bon oeil) et sa volonté. On voit qu’elle dirige son petit monde et est respectée de tous. Et ultime coquetterie, cela fait apparement plus de 10 ans qu’elle dit qu’elle a 70 ans mdr. Bref un moment dont je me rappellerai toute ma vie qui m’a énormément ému.
Il était ensuite temps de dormir, un smile énorme sur ma face.
Trek à Madagascar en pays Zafimaniry : Jour 2
Le village est en ébullition dès le lever du jour ! À 5h se mêlent rires des enfants et chants des coqs. À peine ai-je ouvert les volets que les petites têtes curieuses des enfants ont surgi haha. Tous me fixaient, très timides. Il aura suffit de quelques sourires et blagues pour qu’ils m’offrent leur plus beau sourire en retour.
Après le petit déjeuner et une toilette rapide au seau (attention, des yeux curieux des enfants peuvent se cacher entre les lattes de bois haha), nous voilà repartis.
La randonnée commence par une forte montée et de nombreux escaliers offrant une vue à couper le souffle sur le village. Nous avons eu un temps magnifique et les 13 km et 4 à 5 heures de marche sont passés très vite. Nous avons terminé la marche par un super pique nique préparé par Robin, que nous avons dégusté sur une petite colline surplombant les rizières. Pendant que l’on mangeait, j’ai vu au loin un papa qui travaillait avec ses deux enfants, la musique à fond. Et ça dansait, ça chantait, ça riait, la vie dans ce qu’elle a de plus éclatant, au coeur d’ un quotidien extrêmement difficile. Un quotidien que nous serions bien incapable de vivre une journée d’ailleurs. Voilà pourquoi j’aime l’Afrique, parce que je ne conçois pas la vie sans fête, sans rire, sans musique et sans danse. Et eux, la vie, ils la célèbrent chaque jour, malgré une vie parfois très rude. Alors oui, je sais, les malgaches n’aiment pas que l’on dise qu’ils sont africains, mais je retrouve chez eux tout ce que j’aime en Afrique. Pour moi c’est un super compliment !
Et voilà, c’est sur ce beau moment que l’aventure en pays Zafimaniry touche à sa fin. Nous avons ensuite rejoint la voiture pour reprendre la route jusqu’à Fiananratsoa.
Que prévoir pour un trek à Madagascar aux villages Zafimaniry ?
Situé dans l’est du pays et dans les montagnes, le Pays Zafimaniry se situe en zone humide. Si j’ai eu un super temps, les pluies n’y sont pas rares. Alors prévoyez absolument :
- un poncho ou un imper et une protection imperméable pour votre sac à dos ;
- de bonnes chaussures de randonnées imperméables, les chemins pouvant être très glissants en cas de pluie ;
- un bon sweat et pantalon pour les soirées très fraîches ;
- des vêtements de rechange secs en cas de pluie ;
- de quoi faire votre toilette rapide ;
- une frontale car il n’y a pas d’électricité ;
- une batterie externe chargée et double batteries pour votre appareil photo ou GoPro.
Quand aller à Madagascar ?
Partir en saison sèche en pays Zafimaniry ne vous garantira pas de partir au sec. Néanmoins vous aurez plus de chance de ne pas faire la randonnée sous une pluie torrentielle. Pour faire votre trek, il est donc conseillé de partir d’avril à novembre. Pour ma part j’étais partie en septembre et tout était nickel. A contrario évitez les mois de janvier, et de juin à août.
Un trek en villages Zafimaniry est une expérience absolument unique, mémorable et très authentique. Pour le coup, j’étais vraiment seule avec les locaux, et c’est ce que je préfère ! J’ai seulement croisé une française à Sakaivo, très sympa, qui voyageait également seule (les femmes sont les plus aventurières y’a pas à dire). Vous l’aurez compris, si vous aimez un minimum marcher, je vous recommande à 100% ce trek !
merci pour cet article plein d’infos utiles enfin, y en a tellement peu sur ce parcours; je suis en train de me renseignée car j’y vais avec nos enfants et mon mari en août et besoin de savoir les détails
J’ai une question svp: l’aller fait 15km et le retour 13? Pourquoi c’est différent? merci bcp
merci ! en fait c’est une boucle, et comme le village où l’on s’arrête n’est pas au milieu du parcours, l’aller est un peu plus long
belle journée